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NOTRE FRATERNITE

7 août 2013

NON A LA BOMBE OUI A LA PAIX

JEAN ROSTAND PARMI NOUS

 

ROSTAND, il m'accueillait deux fois par semaine en sa vieille demeure. Durant des heures devant un bassin où il observait et notait le comportement des grenouilles, nous rêvions d'un monde fraternel cherchant à se libérer de la haine, de la violence et de la corrruption. Alors que ses travaux biologistes étaient appréciés dans le monde entier, j'étais fasciné par sa simplicité et sa prodigieuse lucidité. Nous évoquions LES CAHIERS DE LA QUINZAINE qu'il me conseillait, lui aussi, de reprendre alors que je ne m'imaginais pas que la venue imprévue d'internet me permettrait de vous les présenter ainsi et il m'offrait ce texte inédit que j'ai la fierté de vous offrir à mon tour en cet été si difficile et si tumultueux de 2013.

Le passage d'un tel homme laisse une trace à la fois saignante et magique. Oui, car il inflige une bénéfique saignée à cette bonne conscience, à ces rêveries velléitaires et à ce lymphatisme passif si fréquents parmi les militants. Après lui et grâce à lui, on se retrouve rajeuni et renouvelé dans un sang énergique et riche. Mais Jean ROSTAND est aussi, malgré lui, le mage qui tatoue sur les coeurs le signe de la bonne aventure. Il s'agit d'un talisman profond qui nous consacre, qui nous rend plus assurés, plus persévérants, plus volontaires et plus audacieux dans la vaste croisade contre l'oppression, l'exploitation et la guerre.

Denis CLAIR

 

 

ECLUSIF

 

Un texte inédit de

 

JEAN ROSTAND

de L'Académie Française

 

 

NON A LA BOMBE

OUI A LA PAIX!

 

La légende elle-même ne pourrait faire ici office de présentatrice pour Jean ROSTAND.

Et cependant, ce dernier est depuis longtemps célèbre sur toutes les faces de la planète! Car ce grand pourfendeur de la « bombe » est autrement que légendaire. I1 ne fait pas figure d'un personnage de la mythologie moderne. Il est l'exemple en action et le symbole en marche. Patriarche spontané et disponible, il choisit a'edopter-te tribu hétéroclyte et sans frontières

des « colombes s. Ce prophète rationaliste qui n'a pour l'inspirer que sa terrifiante lucidité et son humanité vibrante, et pour référence que notre commune conscience, ne se réfugie ni dans sa

vocation ni dans ses études ou ses travaux de biologiste comme dans une sorte d'abri anti-atomique pour y attendre la huitième et dernière plaie d'Egypte de la désintégration générale. Il ne court pas les antichambres ministérielles, ni les inaugurations du chauvinisme tricolore, ni les réceptions officielles, ni les prix des vertus rassurantes. Il ne se gargarise pas de désapprobations smpoulées,

de conseils de prudence, d'admonestations aussi invertébrées que moralisantes dont sont prodigues tant de séniles célébrités de gauche et de droite, de l'est comme de l'ouest. Jean ROSTAND n'a rien à voir avec les non-violents du café-crème et les philanthropesen robe de chambre. En dépit de son âge, hier encore, il entrait dans les foules, présidait les manifestations, se plaçait en tête des défilés. /1 se compromet avec les non-conformistes et les contestataires depuis toujours, et savait grimper aux tribunes, porter la contradiction aux « vautours» et haranguer au nom d'une Paix qui fait violence aux stéréotypes et qui vilipende les demi-mesures.

JI prend les problèmes à bras le corps et açcuse publiquement les responsables: politicards et machiavels avec ou sans pouvoir, patriotes chauvins, matamores galonnés, stratèges cyniques et souriants techniciens de la « dissuasion », négoclants en « Mirages Ji et profiteurs de « frappe s.

AINSI vien;.iI parmi nous, sans diplômes, sans rosette au revers, sans drapeau ni tambour ni trompette ni « motards» ni « barbouzes )J. S'il a répondu à notre invitation, c'est que partout où il respire l'odeur de la fraternité, il se sent chez lui. Il n'a pas d'exclusives. /1 ne fait pas d'exceptions. Tous ceux- qui, comme nous, acceptent de porter sur eux le poids du passé, du présent et de l'avenir, lourds autant de prodiges heureux que de catastrophes, tous ceux pour qui honneur ne peut rimer qu'avec bonheur, sont ses compagnons. ROSTAND, par sa seule présence familière et généreuse, mais aussi par le son de sa voix et l'éclat de son regard est à la fois le tonnerre et l'arc-en-ciel, la foudre éblouissante dardée contre les faiseurs de pluie de tout lé Pentagone, et la promesse des jours ensoleillés pour ceux qui, avec lui et nous, se savent porteurs de clet bleu.

Le passage d'un tel homme laisse une trace à la fois saignante et magique. Oui, car il inflige une bénéfique saignée à cette bonne conscience, à ces rêveries velléitàires et à ce lymphatisme passif si fréquents parmi les militants. Après lui et grâce à lui, on se retrouve rajeuni et renouvelé dans un sang énergique et riche. Mais Jean ROSTAND est aussi, malgré lui, le mage qui tatoue sur les coeurs le signe de la bonne aventure. 1/ s'agit d'un talisman profond qui nous consacre, qui nous rend plus assurés, plus persévérants, plus volontaires et plus audacieux dans la vaste croisade contre l'oppression, l'exploitation et la guerre .

Voilà ce que j'aurais voulu dire de vive-voix au cher Jean que je rencontrais plusieurs fois par semaine en sa vielle maison de Ville d'Avray où, devant le bassin, il observait le dévelloppement des grenouilles. Il nous a quittés et reste pour moi plus qu'un ami : un exemple

C'est avec bonheur que je fais profiter ce blog, qui nait au millieu des tempêtes, de ce texte qu'il m'avait confié et resté inédit jusqu'à ce jour. Qui oserait dire qu'il ne reste pas d'une brûlante actualité?

 

Denis CLAIR

 

AVANT que d'évoquer les dangers que fait courir au monde l'extension de l'armement atomique, je voudrais prévenir un malentendu. A ceux qui, comme nous, s'attachent à dénoncer ces dangers, on objecte parfois que nos buts sont trop limités, car c'est - nous dit-on - tous les armements qu'il faut condamner, toutes les guerres qu'il faut refuser: en vous déclarant contre la « folie nucléaire », vous semblez admettre, implièitement, que la guerre conventionnelle d'hier, que la guerre chimique ou bactériologique de demain, ne sont pas, elles aussi, des folies et des crimes...

 

Je reconnais, jusqu'à un certain point, la justesse de cette objection, qui nous vient de certains pacifistes intégraux. Je sais bien que l'armement atomique n'est qu'une manifestation, un effet de cet exécrable esprit de guerre qu'il faut combattre sous toutes.ses formes; mais je pense, nous pensons que la menace de guerre atomique atteint à un tel gigantisme, à une telle démesure, nous pensons qu'il y a dans cette guerre une telle spécificité dans l'horreur - spécificité à la fois quantitative et qualitative - qu'elle mérite qu'on lui oppose un pacifisme privilégié, prioritaire; et nous croyons que ce pacifisme anti-atomique ne peut qu'aider au renforcement d'un pacifisme généralisé.

 

ANTI-ATOMISME bien ordonné commence par soi-même. Notre rôle à nous, pacifistes de France, est enpremier lieu de protester contre la force atomique française, - inutile, absurde, inemployable aussi bien contre un adversaire plus fort que contre un plus faible, éminemment dangereuse puisqu'elle nous désigne pour cible, criminelle et inhumaine puisque sa fonction est de frapper électivement les populations civiles; qui plus est, elle donne aux autres nations le mauvais exemple en suscitant la malsaine émulation des chauvinismes nucléaires.

 

On ose prétendre, on est même allé jusqu'à écrire que la bombe c'est le refus de la guerre mondiale, parce qu'elle contribuerait, par sa vertu de dissuasion, à consolider cet « équilibre de la terreur » sur lequel on s'endort comme sur un mol oreiller. Et, pour un peu, on proposerait Monsieur Dassault pour un Prix Nobel de la Paix... Mais cette illusion ne résiste pas à l'examen: des hommes comme le général Jousse - ce militaire aberrant qui, sur le pacifisme militant, en remontrerait à beaucoup de civils -, comme Pierre Sudreau - ancien ministre, ce qui n'est certes pas une référence, mais non plus une condamnation -, comme Alfred Fabre-Luce et d'autres encore, ont, par de vigoureuses analyses, montré, d'une part, que la France n'a rien à faire dans la galère atomique, et, d'autre part, que la terreur atomique, loin d'avoir la vertu pacifiantequ'on lui prête, ne peut avoir pour effet que d'exalter la tension psychologique entre les adversaires, d'où le risque permanent de provoquer chez l'un ou chez l'autre, des réactions de panique, passionnelles et incontrôlées.

 

Pour juger de l'état de confusion mentale qui règne chez les théoriciens de notre bombe, il n'est que de confronter les déclarations du général Ailleret (paix à ses cendres!) avec celles de Monsieur Sanguinetti qui fut Président de la Commission de la défense nationale et des forces armées à l'Assemblée nationale.

 

Dans la Revue de défense nationale, le premier s'exprimait en ces termes: « La France fait l'effort de se constituer, avec ses moyens propres, un système de défense ... qui... manié avec autant de sang-froid que de détermination, devrait, par la dissuasion, lui permettre d'échapper à certaines grandes guerres, et, si elle n'y échappe pas, d'y participer aux meilleures conditions ».

 

Cet « aux meilleures conditions » laisse rêveur quand on sait que si jamais l'on commettait chez nous l'abominable folie d'appuyer sur la gâchette atomique, quelques minutes plus tard, il n'y aurait plus de France, il n'y aurait plus de Français. Une dizaine de bombes lancées par l'ennemi, en représailles aux nôtres, suffiraient à anéantir le vulnérable hexagone.

 

Ce n'est pas nous qui disons cela, ce ne sont pas les mauvais esprits que nous sommes qui font courir ce bruit: c'est Monsieur Sanguinetti lui-même qui écrit:

 

« Quand j'entends parler de riposte, je ne peux que-vous répondre: bien «entendu, il y aura riposte, et nous savons bien que nous disparaîtrons de la carte «carte de la terre ».

 

Soit, je veux bien ... A mon âge, et après tout ce que nous avons vu, pourquoi pas? Mais il sied, quand même, que les Français, que tous les Français - et surtout les jeunes - aient connaissance d'une telle désinvolture dans le stoïcisme. Il faut qu'ils sachent avec quelle légèreté on accepte de jouer la vie d'un peuple entier à la roulette gaulliste.

 

Je dois vous dire maintenant quelques mots du danger biologique des explosions nucléaires en temps de paix, danger qui ne cessera de s'accentuer si on ne se hâte pas de mettre un terme à la dissémination des armes atomiques.

 

Toute explosion nucléaire, où qu'elle se produise, et quelque précaution que l'on prenne ou que l'on dise prendre, cause un domage au patrimoine héréditaire humain du fait qu'elle détermine un accroissement de la radio-activité ambiante et, par la suite, un accroissement du nombre des variations héréditaires ou mutations, qui sont toujours ou presque toujours des modifications nocives de l'équilibre génetique.

 

Si une mutation frappe une cellule germinale, elle pourra se traduire dans la descendance du sujet atteint, par l'apparition d'une tare, d'une infirmité, d'une anomalie, d'une monstruosité: si elle frappe une cellule du corps (cellule somatiure ), elle pourra entraîner la production d'une leucémie ou d'un cancer.

 

Et qu'on ne dise pas, surtout, que l'augmentation de la radio-activité est trop faible pour être nocive, qu'elle est négligeable, insignifiante, acceptable, admissible, non inacceptable ... Ces euphémismes sont irrecevables, dès lors qu'il n'existe pas de « seuil » pour les effets génétiques a

des rayonnements, ce qui veut dire qu'il n'est pas d'accroissement de radio-activité si minime qui n'ait de tacheuses conséquences pour la santé de l'espèce et des générations à venir.

 

A ce sujet, comment ne pas se rappeler, tout particulièrement, l'augmentation, dûment constatée, de certains isotopes radioactifs à longue vie (strontium, cassium) dans la farine, dans le lait, d'où ils passent, pour s'y accumuler, dans les'os et les dentures de tous les enfants du monde.

 

Le taux du strontium radio-actif est actuellement dix fois plus élevé dans la farine qu'il ne l'était avant le début des explosions nucléaires.

 

Le professeur Bugnard, dont je ne mets pas en doute la probité scientifique, estime que la cote d'alerte n'est pas atteinte; mais cela ne nous rassure qu'à moitié, car, soit dit en passant, j'admire l'assurance avec laquelle ces doctes spécialistes garantissent l'innocuité d'une telle intoxication permanente, qui s'ajoute à tant d'autres causes de détérioration cellulaire (radiations d'usage médical, médicaments chimiques, etc). Personne, je dis bien personne, n'est à même de prévoir ce qui va résulter, pour la santé de l'espèce, de l'addition de tant de facteurs nocifs.

Nous nous garderons d'essayer de chiffrer les dégâts provoqués par les bombes nucléaires, car trop d'inconnues subsistent dans les données du problème. Mais nous pouvons affirmer que, du fait de ces bombes, .des enfants tarés ou infirmes vont naître qui n'auraient pas dû naître, que des cas de leucémie et de cancer vont se produire qui n'auraient pas dû se produire. Nous pouvons certifier que chaque explosion de bombe ajoute au lamentable effectif des victimes de la « folie nucléaire ». Et comment n'être pas inquiets lorsqu'on apprend, par une déclaration de M. Mendès-France, que trente-deux pays sont maintenant candidats à la bombe, ce qui nous promet, outre un danger de guerre sinistrement aggravé, une sérieuse extension du méfait génétique dès le temps de paix.

 

A partir de combien d'infirmes, de combien de leucémiques et de cancéreux est-on fondé à se plaindre? Affaire de conscience, de sensibilité. Le seuil de l'acceptable variè suivant les individus. Pour celui-ci, mille enfants tarés, cela ne compte guère au regard du prestige national; pour celui-là un seul enfant taré qui n'aurait pas dû naître, c'en est un déjà de trop.

 

Il faut enfin ajouter - bien que cet objection d'ordre financier soit accessoire auprès des autres - que l'acquisition de notre force de frappe nous ruine, nous accable, nous exténue.

 

On nous affirme que l'armement atomique est moins onéreux, tout compte fait, que l'armement conventionnel, et que, de toutes les morts militaires, c'est la mort atomique qui est la moins chère. Mais combien de milliards atomiques ne figurent pas au budget des armées, imputés qu'ils sont à la recherche scientifique, aux frais de mission spéciaux, à la' défense opérationnelle, aux charges communes, aux territoires d'outremer ...

 

Et, devant ces dilapidations clandestines, comment ne pas évoquer avec aigreur, avec colère, les laboratoires, les écoles, les logements dont nous sommes frustrés. Comment ne pas songer à la misère de notre équipement hospitalier, à tous les malades qui ne sont pas soignés, aux infirmières qui manquent dans les services d'urgence, aux trois cent mille lits qui seraient à créer, aux mourants entassés dans les couloirs d'un bâtiment vétuste? Comment ne pas songer aux « reins artificiels », si ridiculement rares par rapport à la foule des urémiques qui en pourraient bénéficier, à tous les appareils onéreux, enfin, dont la pénurie met les médecins dans l'obligation de choisir selon la dramatique expression du Professeue Hamburger - ceux qu'on décidera de laisser mourir.

 

Je sais bien, on nous répond cauteleusement: « A supposer que vous ayez raison, il est maintenant trop tard pour changer de logistique. La force de frappe a atteint le point de «mon retour»: aucun gouvernement - fût-il de gauche, voire d'extrême gauche, fût-il formé des hommes que vous prônez et souhaitez de voir à la tête du pays - ne prendra sur lui de renoncer à l'armement atomique ».

 

« Notre politique nucléaire - a-t-on pu lire dans la Revue de Défense Nationale - est axiomatique, irrévocable ... Personne ne jettera à la ferraille nos bombes A; personne ne transformera les sous marins à propulsion nucléaire en sous-marins Diésel; personne ne fermera l'usine de Pierrelatte.

En fait - conclut M. Messmer - personne ne propose aucune de ces mesures ».

 

Pour parler ici très franchement, je dirai que je suis parfois un peu déçu par l'attitude de l'Opposition en face de la force atomique française. Il ne m'apparaît pas qu'elle la combatte avec la vigueur, l'obstination qui seraient do mise.

 

Lors des élections présidentielles, et aussi lors des législatives, la force de frappe n'a pas été au premier plan des débats. Je n'ai pas entendu sortir du petit écran les paroles véhémentes, explicites, accusatrices que j'attendais.

 

On avait là, cependant, durant quelques minutes - et pour une fois sur les ondes nationales confisquées par le pouvoir personnel, - on avait l'occasion de parler à peu près librement à des millions d'auditeurs: je n'estime pas qu'en ait profité comme il eût fallu de ce qu'on a appelé à la Chambre, « la clémence » de la Majorité ...

 

Oui, cette détestable force de frappe, on ne la condamne qu'avec mollesse, ménagement, courtoisie; cette sale bombe qui nous est imposée, on prend des gants avec elle ...

 

Et cette sorte de galanterie contraste avec la violence qu'on met à s'élever contre ce qui se passe au delà de nos frontières.

 

Qu'on m'entende bien. Je ne méconnais pas l'importance, voire la gravité de certains problèmes qui ne sont pas les nôtres. Et j'approuve - car il ya unité, indivisibilité de la justice, de la liberté, de la paix -, j'approuve que nombreux et ardents soient ceux qui, chez nous, manifestent contre les crimes lointains, mais je ne voudrais quand même pas que tout notre potentiel d'indignation, de contestation, de protestation, s'épuise au bénéfice de l'étranger. Gardons-en un peu pour nous mêmes. Gardons-en pour ce qui se passe ici, tout prêt, sous nos yeux. Gardons-en pour Taverny et pour Pierrelatte ... Gardons-en pour nos sous-marins aux noms ridicules de croque-mitaine: Le Formidable, le Terrifiant, le Foudroyant ...

 

Quoi qu'il en soit, enregistrons avec satisfaction que Monsieur Mendès-France déclarait publiquement que « la France devrait interrompre la constitution de sa . force de frappe, qui ne servira jamais ». Enregistrons que la Fédération de la Gauche et le Parti Communiste s,engageaient, par une déclaration commune, à renoncer à la force de frappe et à la reconvertir à des fins pacifiques ... (Mais depuis ... )

 

Jusqu'à nouvel ordre, nous voulons faire crédit à ces paroles de sagesse. Faudrait-il qu'on pensât, avec feu Monsieur Pompidou, que les promesses de l'opposition sont des « fumisteries sans norn » ? Faudrait-il qu'on fit une règle de la fourberie de nos gouvernants, et toujours s'attendre qu'à peine hissés au pouvoir ils agissent au rebours de ce qu'ils avaient promis?

Ah ! quel exemple, quelle leçon, il donnerait au monde, le pays qui, le premier, renoncerait à sa force atomique! En notre siècle de violence et de guerre froide, comme il se grandirait devant l'avenir, comme il s'imposerait devant l'histoire, l'hommo qui oserait un tel geste, aussi insolite, de civilisation et de paix! A côté de ces potentats qui ne savent que jouer du chantage à l'extermination, à côté de ces maréchaux qui annoncent avec gourmandise le nombre de cadavres qu'ils sont capables de faire en l'unité de temps, comme il paraîtrait grand - et d'une vraie grandeur, celui-là - l'homme qui se permettrait de déclarer: Mon pays s'est débarrassé de ses bombes, il s'est dépossédé de la sombre et terrible capacité de détruire en quelques instants des millions et des millions d'hommes ...

 

Il a envoyé à la ferraille les engins de meurtre, et d'une usine qui ne travaillait que pour la mort, il en a fait une qui ne travaillera plus que pour la vie...

 

ENTENDRONS-NOUS jamais un tel langage? N'est-ce pas trop beau pour être possible?

Il faudrait simplement, pour cela, qu'un homme d'Etat comprît - et comment ne le comprennent-ils pas, ces orgueilleux si assoiffés de gloire future - qu'on ne peut plus se grandir aujourd'hui par l'épouvante qu'on inspire, et que les seuls gesteshistoriques, désormais, ceux qui compteront dans la mémoire des peuples, ceux qui obtiendront une durable gratitude, ceux qui frapperont l'imagination et toucheront les coeurs, ce seront des gestesd'apaisement et d'humanité, éveilleurs d'espérance et ensemenceurs d'avenir.

 

E spectacle que donne présentement le monde n'est certes pas fait pour rassurer les véritables amis de la paix. Partout, flambent les nationalismes, les chauvinismes, les séparatismes, les racismes, les sectarismes, les fanatismes... Partout, règnent en maître l'esprit de rivalité et de domination, l'égoïsme sacré, le mépris des droits de l'homme ...

 

A-t-on jamais le sentiment que les grands responsablesde la planète, ceux qui tiennent entre leurs mains les vies de millions d'hommes, aient vraiment à coeur de rechercher l'entente internationale avec l'opiniâtreté, la probité, la ferveur nécessaires? A-t-on l'impression qu'ils soient disposés, en quelque camp que ce soit, à faire à la grande, à l'immense, à l'inégalable Causesde la Paix les censessions qu'elle exige, et le sacrifice, même partiel, de leurs préjugés, de leurs points d'honneur, de leurs fatuités chauvines, de leurs intolérances? Est-ce que, jamais, l'on voit s'esquisser,même à titre d'essai, un gestequi soit vraiment sansarrièrepensée, sanséquivoque, et animé par le seul vouloir de compréhension et de conciliation, un geste spirituellement désarmé, qui ne soit pas de tactique ou de propagande, externe ou interne, un geste qui ne vise pas à conquérir quelque avantage matériel ou moral, un gestegratuit, enfin, qui ne soit teinté d'aucun impérialisme ou national ou idéologique?

 

Et dans ce monde exclusivement régi par la « morale de guerre », comme disait le philosophe Renouvier, non seulement les bombes s'accumulent dans les arsenaux, mais la décision suprême, assassine,dépend de la volonté d'un seul homme,- d'un seul, qui peut être un agité, un persécuté, un mégalomane, un névrosé, puisque, jusqu'à nouvel ordre, on n'exige pas de ceux qui conduisent les peuples un certificat de psychiâtre, et que, d'autre part, les qualités qui élèvent un homme au pouvoir ne sont pas précisément garantes de son équilibre moral.

 

Pourquoi pas, demain, à la tête d'un grand pays - ou même à la tête d'un petit pays - un nouvel Hitler?

 

Et d'ailleurs, est-il même besoin d'un nouvel Hitler pour nous jeter dans l'abîme? Il suffirait qu'un chef, quelque part, soupçonnant l'adversaire d'être un nouvel Hitler, résolût de prendre les devants dans le crime ... Guerre préventive, guerre sainte... N'oublions pas que ce sont des hommes fort raisonnables, consciencieux et honorables qui ont fait Hiroshima et Nagàsaki...

 

N'oublions pas, de surcroît, que ces hommes d'un si monstrueux pouvoir, ces hommes dont dépend le sort de l'homme, disposent de moyens exorbitants pour mettre leur peuple en condition, pour le tromper, pour l'abêtir, pour lui faire ingérer tous les mensongesqu'exploitera leur propagande. Si bien qu'un chef, d'aventure, pourra setrouver entrner à des actes encore plus déments qu'il n'eut voulu, pour satisfaire une opinion publique intoxiquée de peur et de haine.

 

Oui, il Ya de quoi être inquiets ...

 

Le philosophe Jaspers écrivait: « l'homme, jusqu'ici, pouvait se détruire individuellement ... On pouvait exterminer des peuples. A présent, l'humanité peut êtreanéantie en totalité par l'homme. Que cela se produise n'est pas seulement entré dans le domaine du possible; au regard de l'examen purement rationnel, il est vraisemblable que cela se produira ».

 

Certains d'entre vous ont peut-être assisté à cette émission de Télévision où sont apparu quelques grands savants du monde entier.

 

Entre autres, je revois le célèbre Oppenheimer, un des pères de la bombe, et j'entends son long silence, précédant la terrible réponse, faite d'un ton si calme, à qui lui demandait s'il croyait au suicide atomique de l'homme: « je ne suis pas optimiste ».

 

Et guère plus encourageant, Gregory Pincus, avec son sourire désabusé. Et c'était un spectacle pathétique et lamentable que celui de ces pauvres grands hommes qui paraissaient comme résignés aux démentes conséquences d'une science qui avait été leur raison de vivre. On se sentait presque enclin à leur faire grief de cette résignation, de cette mollesse, de cette passivité... '

 

Mais que peuvent-ils faire maintenant, les gens de Science?

 

On veut croire - ou alors ce serait à désespérer de tout - que si c'était à recommencer, aucun d'entre eux ne conseillerait à son gouvernement l'usage de la bombe. On veut croire qu'instruit par les horreurs d'Hiroshima, averti par les remords d'Einstein, édifié par les scrupules d'Oppenheimer, aucun homme de science, aujourd'hui, à quelque pays, àquelque parti qu'il appartînt, et en quelque circonstance que ce fût, ne prendrait sa part de responsabilité dans une Apocalypse atomique. Et je ne doute pas qu'au sein du ,« Mouvement Pugwash » - cette sorte d'Internationale des savants -, des hommes de science de tous pays ne s'efforcent à défendre la paix,

 

MAIS, hélas, quels sont leurs moyens d'action? Bien sûr, en chaque pays, les spécialistes de la technique nucléaire pourraient refuser de coopérer aux oeuvres de mort - comme l'ont fait jadis Kapitza et plusieurs savants allemands -; mais, pour un spécialiste qui aurait l'héroïsme de faire grève au crime collectif, combien d'autres, et au nom du loyalisme national, s'offriraient à le relayer ... L'ignoble bombe ne manquera jamais de fabricateurs, et qui croiront faire leur devoir en la fabriquant.

 

Alors, vous voyez bien, disent les résignés: à quoi bon récriminer contre l'inévitable ? La bombe atomique fait partie de la réalité présente; il faut coexister avec elle, s'habituer à l'angoisse qu'elle fait peser sur l'humanité, et qui durera tant que les hommes seront ce qu'ils sont, c'est-à-dire jusqu'à la fin des temps ...

 

On serait parfois tenté de se laisser gagner par un tel pessimisme ... Et pourtant, nous savons bien, dans le fond de nous-même, que la terreur atomique ne peut pas être le dernier mot de l'aventure humaine. Malheureusement les « parabellistes », les caresseurs de bombes et les dévôts de la mégatonne, nous savons qu'il n'est pas possible que l'homme, un jour, n'en vienne à user décemment de sa raison, pour prendre conscience de la honteuse et ridicule situation où le placent une science qui a livré les moyens du crime universel et une politique qui ne fait rien, ou si peu, pour le prévenir.

 

Oui, honteuse situation, et ridicule ... Car, quelle que soit l'Issue d'un conflit nucléaire, il infligerait à l'homme la plus humiliante des défaites en faisant la preuve que tout son esprit, tout son génie - ce fameux génie dont il est si fier n'était, tout compte fait, qu'un caractère défavorable, inadaptif, dès lorsqu'il n'était pas accompagné des qualités de sagesse qui eussent permis d'en faire un meilleur usage.

 

Dans un moment où la guerre c'est la mort pour tous, où refuser la paix des vivants c'est choisir la paix des tombeaux, l'Homme tardera-toi! à corn- - prendre qu'il a mieux à faire, sur son petit globe, que d'échanger des menaces et équilibrer des terreurs? Le vouloir-vivre de l'espèce ne s'éveillera-t-il pas en lui, pour le contraindre aux adaptations qu'exige sa survie, et qui se résume en un seul espoir: l'unification de la planète?

 

CETTE espérance, qui fut celte d'Einstein et qui est aujourd'h~i celle de Bertrand Russell, de Josué de Castro, de l'Abbé Pierre, de Linus Paulinq, d'Alfred Kastler et de bien d'autres, je crois que, nécessairement, elle s'inscrira, un jour, dans les.faits.

 

L'unification de la planète me paraît aussi assurée pour demain qu'elle paraît réalisable dans l'heure présente, car c'est à l'échelle planétaire seulementque pourront être résolus de façon rationnelle les grands problèmes sociaux, économiques, moraux, qui se posent à nous, soit qu'il s'agisse de (a gestion des ressources terrestres, de l'organisation de la santé, ou de la lutte contre la surpopulation.

Il est aussi aisé de prédire le « monde uni » qu'il était facile, pour Jules Verne, de prédire le sous marin ou la navigation interplanétaire. Le seul doute porte sur la durée - décennies, siècles, ou millénaires - qui nous sépare du stade de cohésion unitaire. Qui peut dire, d'avance, ce qui est ou non lointain? Il en va des progrès politiques com-me des découvertes scientifiques ou techniques; ce qui paraît aisé à atteindre, ce qu'on croit déjà toucher de la main, on l'attendra durant des siècles; et ce qu'on jugeait quasi impossible, voilà tout soudain qu'il nous est offert.

 

Dans ma jeunesse, sauf Esnault-Pelterie. qui croyait en France à J'astronautique? De même, ce monde uni, si problématique, si malaisément concevable, peut-être qu'il est à la veille de naître.

 

Incertains quant au délai requis pour l'unification, nous le sommes aussi quant à ses modalités. Quelles en seront les étapes successives, quel en sera le prix? Faudra-t-il encore traverser de folles et sanglantes aventures avant de recourir à l'arbitrage de la raison? Par quels moyens pourrait-on faire une économie de massacres en frayant à l'avenir d'autres voies que celles de la violence, ?

 

Utopique, le rêve êI'une paix définitive, imposée par une autorité mondiale ? Mais, comme disait naguère le Général Jousse, que proposent-ils d'autre; les réalistes? Alors, qu'ils se taisent.

 

Oui, qu'Ils se taisent, les soi-disant hommes de bon sens qui, n'ayant à nous offrir que les surenchères de la menace et les bons offices de la terreur,ne savent, depuis des siècles, que nous faire patauëer dans le sang? Où sont leurs réussites, leurs bienfaits, quels sont leurs titres à la confiance des peuples? Qu'ont-ils évité, en fait de catastrophes et de tueries? Quelles horreurs ont ilsépargnées aux humains? Et n'est-on pas fondé à penser, en récapitulant les sauvageries qui forment le tissu de toutes les « histoires nationales », que si les utopistes, si les chimériques avaient su se faire écouter, l'histoire de l'homme n'aurait pu être plus hideuse qu'elle ne le fut.

 

Il y a quand même des espoirs qui n'ont pas été déçus, et déjà l'on a vu - pour parler comme Victor Hugo - une réalité légale ntre d'une utopie sublime.

 

Et quand cet espoir, quand ce rêve est l'unique chance de salut pour l'humanité, il n'est pas plus insenséde s'y fier que de je repousser au nom d'une raison qui n'est, à tout prendre, que le consentement défaitiste au génocide intégral.

 

Peut-être, en l'occurence, y a-toi! là une manière de pari pascalien: on mise sur la carte gagnante, on parie pour la survie de l'homme. Mais croire à l'immortalité ne nous rend pas immortels, tandis que croire au monde uni, et vouloir le monde uni, peut en hâter la venue.

 

Si l'on croyait au monde uni, si l'on voulait le monde uni, on n'éduquerait pas les enfants comme s'ils devaient s'accommoder du monde injuste et divisé où nous sommes. On leur enseignerait, très tôt, l'unité foncière de la famille humaine et que tous les hommes sont également hommes, qu'aucune patrie n'est meilleure, plus juste, plus pacifique, plus humaine qu'une autre; on leur enseignerait qu'aucune guerre ne fut belle, aucune victoire glorieuse, puisque toute gloire militaire se paie par des charniers; on veillerait à prévenir en eux la formation de la puérile et néfaste idolâtrie, on s'appliquerait,en toutes circonstances, à les faire penser non pas en nationaux mais en hommes.

 

OUI, toute la préparation spirituelle des jeunes gens serait différente selon qu'on placerait ou-non, à l'horizon de leur pensée, l'image idéale d'un monde sans frontières.

 

Ils sont nombreux déjà, parmi les jeunes, ceux qui seraient disposés à s'en remettre aux décisions, même contestables, d'une Autorité mondiale qui, assurant le maintien de la Paix par le dépassement des égoïsmes particuliers, s'attacherait à servir au mieux les intérêts, matériels et moraux, de l'humanité dans son ensemble.

 

S'engagerdans cette pacifique légion qui, à l'égard d'aucun pays, ne seveut étrangère, me paraît un séduisant devoir pour tout hommè qui souhaite, dès aujourd'hui, d'être à l'unisson de l'avenir. .

 

Ils sont de tous partis, de toutes opinions, de toutes croyances, de toutes confessions, les Citoyens du Monde. Il y a, parmi eux, - parmi nousdes croyants et des athées, des rationalistes et des mystiques, des hommes qui respectent l'homme parce qu'ils y voient une image de Dieu et d'autres qui le respectent simplement parcequ'H est homme. Il ya des militaires - comme le Général Jousse -, et des anti-militaristes qui renvoient leur livret militaire au Ministre des armées; il y a des hommes qu'on dit ({de gauche» et d'autres qu'on dit « de droite », il y a des violents et des non violents, des hommes qui comptent sur la force pour aider au triomphe du juste etd'autres qui n'admettent l'emploi que des armes de lumière; il ya des hommes-de vérité et des hommesde poésie... Mais ce qui unit tous ceshommes !par delà tant de différences, c'est l'amour loyal et passionné de la paix, ce qui n'est pas toujours le cas de tous ceux qui se disent pacifistes.

 

Je conviens qu'il n'est pas facile, et surtout de nos jours, de savoir où se trouve le vrai, le bon pacifisme. Chacun veut en avoir le monopole; pour celuici, le pacifisme, c'est refuser toute guerre, quelle qu'elle soit; pour celui-là, c'est refuser les guerres injustes, car l'idée de paix ne doit pas être séparée de l'idée de droit; pour cet autre, c'est n'accepter que celles - justes ou injustes - qui mènent aux bouleversements sociaux capables d'instaurer une paix durable.

 

Or, il est certain que, dès qu'on renonce au pacifisme intégral, inconditionné, on tombe en pleine ambiguïté; tout alors se peut justifier, même l'emploi des armements atomiques ... Qui décidera qu'une guerre est juste ou qu'elle ne l'est pas, qu'elle est défensive, ou d'agression? Et surtout 1 qui décidera que la cause que l'on défend - toujours plus ou moins impure, comme toute cause - mérite le sacrifice de tant de vies?

 

Qu'on le veuille ou non, on se trouve là dans le domaine de « l'indéterminé moral », où la décision

dépend de la sensibilité personnelle: de l'option

idéologique, du degré d'impatience avec quoi l'on veut que s'accomplisse tel ou tel progrès; on y est assailli par les angoissantes questions qui mettent en balance des vies humaines avec de hautes valeurs morales, telles que liberté, dignité, justice, ou, ce qui est encore plus embarrassant pour un

pacifiste, des vies humaines avec d'autres vies humaines, car nous voyons souvent un pacifisme à long terme s'opposer à un pacifisme à court terme, un pacifisme qui se croit mieux entendu à un pacifisme aveugle et sommaire. Alors, n'y aurait-il de vrai pacifisme qu'intégral? -

 

C'est là une immense question, un immense problème de conscience, sur lequel butent beaucoup de consciences chrétiennes.

 

Pour ma part, et sans doute vais-je décevoir certains, j'hésite à aller tout à fait jusque-là.

 

Non point certes que je ne comprenne pas ce pacifisme catégorique et sans nuances. Tant de fois nous avons constaté l'inutilité des tueries: tant de fois nous avons vu ressurgir le mal après le bain.de sang qui devait nous en délivrer; tant de fois nous avons vu, après une guerre, bafouer l'idéal qui servait à la justifier; tant de fois nous avons vu les ennemis d'hier se faire une risette qui eût été mieux venue avant le massacre; tant de fois nous avons dû convenir qu'une guerre apparemment nécessaire pouvait être évitée avec un peu de patience et de sagesse; tant de fois nous fûmes bernés, mystifiés par les prôneurs de guerre, que je comprends ceux-là qui, une fois pour toutes, ont décidé qu'ils ne les écouteraient plus. Aussi bien ce pacifisme intégral a de toute façon sa noblesse, son rôle. Ne faut-il pas que certains, dans la défense de la Paix, sachent aller trop loin? Où se fortifieraient les idéaux si ce n'est dans les âmes qui sont capables de leur porter un excès d'amour?

 

En face de l'immense foule toujours prête à consentir aux répugnants holocaustes, il est bon que se dresse la petite cohorte des obstinés qui, en aucun cas, sous aucun prétexte, n'y donneront leur consentement.

 

Et c'est bien pourquoi, je l'avoue. je fus tenté, et je le suis encore, par les généreux appels de notre ami Lecoin; mais, qUc3Îqu'il m'en coûte, j'ai cru plus honnête devant moi-même de n'y pas céder. Tout pacifiste que je suis - ou que je crois être =, si persuadé que je sois, et sans cesse davantage à mesure que, l'âge passant, je' deviens plus allergique au sang, si persuadé que je sois que presque rien ne vaut une guerre, quelque chose en moi hésite à faire tomber ce « presque »..:

 

Je me méfie des engagements inconditionnés; et je-ne veux pas me fier par un choix moral aussi catégorique.

 

Ajouterai-je que les positions les plus absolues ne sont pas toujours les plus stables? Einstein a commencé par le pacifisme intégral et il a fini par réclamer la bombe atomique. Rien ne vaut une guerre, disait le grand savant, et, par· crainte du triomphe hitlérien, il fut l'un des responsables d'Hiroshima.

 

L me semble, à vrai dire, que le pacifisme est moins une doctrine qu'une manière d'être et de sentir.

 

Pour moi, être pacifiste, ce n'est pas forcément être toujours prêt d'avance à tout sacrifier à la paix, mais c'est quand même être capable de lui sacrifier quelque chose, et à quoi l'on tient.

 

Etre pacifiste, c'est ne prêter qu'une oreille méfiante à ceux qui recommandent aujourd'hui le massacre sous prétexte qu'il doit en prévenir un plus copieux, demain; c'est, sans méconnaître les droits de l'avenir, donner la priorité ~ la vie des vivants; c'est vouloir la paix même si elle n'a pas tout à fait la couleur. qu'on préfère; c'est lui rendre grâces même si toutes nos passions et toutes nos: espérances n'y trouvent pas leur compte; c'est admettre que l'intérêt de la paix peut ne pas coïncider avec celui de notre patrie ou de notre idéologie; c'est oublier cette ignoble vérité que « le sang sèche vite »: c'est garder toujours présent à l'esprit l'immense contenu négatif du mot de « paix », - ce qu'il porte en lui de nonsouffrance, de non-détresse, de non-désolation, de non-désespoir -; c'est voir, én toute guerre, la gigantesque erreur judiciaire que fait la somme des peines capitales qu'elle inflige à tant d'innocents, c'est ne pas consentir aux grossières sirnpliflcàtions et falsifications que diffusent les propagandes pour entretenir les haines; c'est refuser d'égrener le chapelet des slogans de commande et des calomnies de consigne; c'est ne pas clamer qu'on veut la paix quand on s'associe aux fanatismes qui la rendent impossible; c'est dénoncer sans relâche ('atrocité de la guerre, l'ignominie de la guerre, mais garder d'imputer à "un des belligérants des atrocités hors série; c'est condamner dans tous les camps, les intransigeances et les jusqu'au boutismes, c'est s'affliger quand, pour quelque cause que ce soit, on voit un fusil entre les mains d'un enfant; c'est être hanté par les fantômes innombrables de ceux qui sont morts pour rien; c'est être incapable de ne pas discerner l'homme, sous l'adversaire qui semble le plus inhumain; c'est n'être jamais tout-à-fait sûr d'avoir raison s'il faut donner son acquiescement à la mort des autres ...

 

La survie de l'homme dépend de la vitalité de ce pacifisme là.

Jean ROSTAND.

 

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6 août 2013

LE HURLEMENT DES ANGES

LE HURLEMENT DES ANGES

 

A l'approche du 15 août 2013, ressurgit, comme un mauvais serpent de mer, le programme des prisons.

C'est l'occasion pour les politiciens qui se sont fait une triste réputation en se faisant les chantres de la répression universelle, de réapparaître à la télé, toujours fougueux et menaçants, drapés de lin blanc, car ils n'ont, eux, jamais commis aucune faute, n'ont jamais eu rien à se reprocher et leur bilan politique est exemplaire et à magnifier.

Comment, ainsi trompés et galvanisés, de pauvres types à la réflexion élémentaire, profitent des tribunes que leur offrent des stations commerciales parce que c'est le plus économique moyen de s'assurer des espaces, de surcroît largement écoutés, pour étaler leur infantilisme, hélas, contagieux.

 

Aux uns et aux autres, nous nous bornons aujourd'hui à poser de simples questions :

1) Savez-vous qu'aux Etats-Unis, les prisons se multiplient et que les détenus y sont de plus en plus nombreux ? Savez-vous que crimes et délits n'en sont pas moins en forte augmentation ? Que pensez-vous du fait que la perspective de la prison n'est pas dissuasive ?

 

2) Que pensez-vous du fait qu'un tiers des détenus dans un pays civilisé, comme se dit la France, sont atteints d'une pathologie mentale et que leur place devrait être en hôpital ou sous soins spychiatriques ?

 

3) Nos textes officiels précisent que l'incarcération doit se limiter à l'absence de liberté mais dans des conditions décentes et tout en préparant à la réinsertion sociale.

Est-ce le cas aujourd'hui et était-ce le cas sous le précédent pouvoir politique ?

 

4) Plutôt que de hurler contre ceux qui ont fauté et de considérer qu'à vos yeux, la peine ne sera jamais suffisante, pouvez-vous nous aider à faire comprendre qu'il est déjà discutable d'emprisonner des prévenus avant tout jugement et que ce pourrait être, au moins, dans des conditions satisfaisantes ?

 

Pouvez-vous également nous aider à établir une nouvelle échelle et une réévaluation des peines. N'est-il déjà pas scandaleux de ne pas multiplier les peines de substitution, plus humaines et, de surcroît, moins onéreuses pour les contribuables.

 

Le courrier peut toujours nous être envoyé par poste à cette adresse : Fraternité - B.P. 46 - 93163 Noisy le Grand Cédex.

1 août 2013

TEXTE DE GEORGES BERNANOS

exclusif - un inédit de

GEORGES

BERNANOS

 

L'estime que je porte à Denis CLAIR et son amitié qui me revigore m'incitent, le sachant en santé défectueuse, à lui confier cette note spontanée s'adressant à tous les malades et qu'il pourra utiliser où et quand il le jugera utile ou jamais. Ce n'est certainement pas un texte littéraire mais un cri du coeur, fraternel et discret.

Jamais, sans doute, pour un être jeune et passionné mais ignorant de l'Histoire, l'état de malade n'a risqué de paraître plus douloureux et peut être aussi plus humiliant, car ce monde va vite, ou du moins il en donne l'illusion, et de leur lit ou de leur chaise-longue, ils le regardent partir avec une espèce de honte - comme le passager d'une voiture de course qui souffre de nausée parce que le compteur marque le cent quatre vingt, et que les camarades laissent au bord de la route, à l'ombre, afin de le reprendre au retour.

Que les malades se rassurent ! Le monde va vite, mais il ne va pas encore nulle part, et ils le reverront donc, revenir bientôt sifflant, crachant, fumant de tous les joints de son moteur surcompressé, n'ayant rien fait de plus que tourner en rond comme un manège, à moins que ce ne soit sur lui-même comme une toupie.

Le monde tourne en rond depuis pas mal d'années, mais les passagers embarqués ne voient rien qu'un tourbillon dans les vitres. Le passager, momentanément débarqué, lui, peut se rendre compte. Il a tout loisir d'observer cette monstrueuse mécanique inventée par les voyages interplanétaires, avec sa cargaison de voyageurs hagards aux yeux chavirés par le vertige, et il se dit que, Dieu aidant, une fois guéri de son mal, il n'aura peut être pas trop cher l'avantage de n'être plus dupe d'une machine compliquée qui va si vite sans changer de place. Il est le témoin la maladie ne l'a pas retranché du monde, elle l'en a écarté juste assez pour qu'il le juge, et quand on a pris une fois du recul, c'est fini. Le témoin restera toujours témoin. Voilà pourquoi le monde moderne ne veut pas se regarder agir, il agit.

La réflexion n'est pas pour lui une des formes et les plus fécondes, de l'action ; il la tient pour une simple nécessité d'ordre technique car avant de construire une machine, il est évidemment nécessaire d'en établir les plans.

Cette sorte de réflexion pratique ne saurait avoir pour lui de commun avec certaine opération de l'esprit où excellent les rêveurs qui voudraient savoir, par exemple, quel usage, bon ou mauvais, fera de telle ou telle nouvelle machine une humanité en folie. La technique ne connaît ni fous ni sages. Si le moteur de la machine a le nombre de tours prévus par les calculs, n'en demandez pas davantage, puisque vous êtes dedans. Que la machine vous emporte vers la guerre ou la paix, la vie ou la mort, pourvu que ce soit la plus grande vitesse actuellement possible, le technicien aura fait son devoir, mais il ne s'en tiendra d'ailleurs pas là. S'il arrive, par exemple, à mettre au point une bombe atomique assez puissante pour faire voler cette planète en éclats, il lui faudra mettre toutes les chances du côté du Progrès en dotant l'Humanité d'un moyen de pulvériser aussi le système solaire. Et quiconque élèvera la plus timide objection se fera accuser de vouloir en revenir à la poudre noire, ou même à la hache de silex taillé, au mépris de la Technique et des Techniciens.

Que voulez-vous ? On peut penser et espérer ce qu'on veut de la civilisation moderne, il semble bien qu'elle ne se contrôle plus elle-même, qu'elle n'a plus clairement conscience d'elle-même. Toutes les autres civilisations de l'Histoire ont eu conscience d'elles-mêmes, je veux dire qu'elles se sont pensées elles-mêmes dans un certain nombre d'esprits désintéressés qu'animait le seul souci de les comprendre. Cette élite existe toujours, mais aux catastrophes qui se succèdent, à ces guerres qui n'en finissent pas, à ces paix qui ne commencent jamais, nous pouvons croire qu'elle est dangereusement réduite en nombre. Il est clair que l'homme idéal est celui qui fait dans sa vie une part égale à l'Action et à la Réflexion. Ces hommes-là sont si rares que la nature avait jusqu'ici résolu le problème en créant des hommes d'action et des hommes de pensée, dans une proportion satisfaisante.

Mais la vie moderne ne favorisant que les premiers, on se demande si les autres pourront survivre. A l'énergie aveugle des hommes d'action, l'opinion des penseurs n'oppose plus déjà qu'un obstacle dérisoire. Le jour n'est pas loin où cette opinion disparaîtra tout à fait, car on ne saurait qualifier d'opinion les disciplines impitoyables dont le but est précisément de nous dispenser de juger.

Chers amis malades, vous appartenez à ce petit nombre d'hommes soustraits pour un moment au vertige universel, ou du moins plus libre de s'y soustraire, à cette part d'humanité supérieure en qui le monde a encore la chance de se connaître et de se sauver, à la dernière des dernières réserves de l'Esprit.

 

31 juillet 2013

POUR UNE TELEVISION DE SERVICE PUBLIC

 

POUR UNE TELEVISION DE SERVICE PUBLIC


 

 

N'ayant jamais joué les donneurs de leçons ou les justiciers j'ai longtemps hésité à livrer la phrase qui va suivre mais je me sens le devoir de la délivrer : si j'étais Rémy PFLIMLIN j'aurais honte.

Avec les Directeurs et chargés de la Communication pour ses nombreuses chaînes, le PDG de FRANCE TELEVISION dispose d'une batterie de propagandistes qui font irruption sur les grands médias dès que pointe la moindre critique pour clamer ses mérites. Mais, à cours d'arguments, ils se bornent à déclarer qu'on trouve sur ses écrans des émissions qu'on chercherait en vain sur les chaînes commerciales. Comme si ce n'était pas la moindre des choses et oubliant pudiquement de préciser que, pour la plupart, elles sont diffusées à une heure où ne peuvent être devant leur téléviseur ceux que leur travail oblige à un réveil matinal.

On oublie même de signaler que plusieurs de ces émissions de qualité se font concurrence à la même heure sur plusieurs chaînes.

Cette béatitude tente de faire oublier quelques évidences qu'un esprit plus corrosif que le mien qualifierait de scandaleuses :

- la loi interdit les messages publicitaires à partir de 20 h mais on la détourne allègrement au profit des plus gros budgets publicitaires, au service des firmes les plus pourvues sous couvert de patronage d'émission.

- M. PFLIMLIN croit que ses animateurs sont indispensables à ses chaînes alors que c'est le contraire qui est vrai comme le démontre l'oubli recouvrant très vite ceux qui quittent l'antenne. Il est donc aux petits soins avec eux et installe le système ahurissant consistant à les rémunérer doublement : pour leur prestation, ce qui est naturel, mais aussi pour leur société de production commerciale dont il favorise la maintenance anachronique et injurieuse pour ses propres réalisateurs et techniciens disposant de tous les moyens humains, techniques et financiers pour produire "en interne" et porter à l'antenne ces productions.

- On supprime, avec une désinvolture cynique, des émissions intelligentes et innovantes pour ne pas contrarier le développement des citadelles privilégiées comme "On n'est pas couché" dont le rêve est de constituer

2. l'émission la plus longue, voire la plus interminable du PAF et qui ne constitue qu'un numéro de RUQUIER, mi-chansonnier des années 1930 mi-poujadiste rigolard enrichi par un chauffeur de salle, s'autorisant à détruire en une phrase démago une personnalité politique privée d'un droit de réponse, son numéro se terminant inmanquablement par la formule "il est sans doute temps que je rejoigne maintenant mes invités" comme si ce temps n'était pas révolu depuis longtemps. Après quoi, il se livre ensuite à une succession de promotions commerciales répétitives, les invités priés à trois reprises de vanter leur produit, assurés de louanges s'il est déjà en tête des ventes. Déjà il est probable que DRUCKER s'apprête à les recevoir avec la même considération.

- Rien de fondamental ou de significatif ne distingue le journal de 20 heures de FRANCE 2 de celui de TF1. Tous deux auront toujours le souci de s'ouvrir sur un fait divers, si possible graveleux.

- France Télévisions multiplie le racolage auprès des jeunes et n'a pas trouvé l'occasion de programmer enfin une émission permettant aux seniors, pourtant de plus en plus nombreux, de s'exprimer.

 

Je suis prêt à me repentir de la critique qui précède si, me libérant de l'idée que FRANCE TELEVISIONS est devenue une chasse gardée, on me communique une liste de nouveaux talents découverts sous la présidence de Monsieur PFLIMLIN.

 

Si j'ai suggéré un sentiment de honte, ce n'est pas pour justifier les critiques qui précèdent et qu'on peut qualifier de subjectives, peut être de minoritaires. C'est parce que le Président PFLIMLIN ignore ou feint d'ignorer le pouvoir éducatif et préventif dont dispose ce service public et j'enrage en songeant qu'il en faudrait peu pour avoir le courage de l'assumer.

J'affirme que cinq ou dix minutes quotidiennes, avant ou après le journal de 20 h, avec des animateurs éprouvés, sans préchi-précha, sans moralisme, parviendraient à faire comprendre aux jeunes les dangers qui les assaillent avec ces casques perturbant leur cerveau et les assourdissant durant des heures avec des sons agressifs et répétitifs. On clame à la ronde les conséquences désastreuses de la mariruana devenue habituelle, de ces concours de vitesse dans l'absorption de l'alcool, et la progression du sida toujours menaçante, faute de préservatif et de tant d'autres dangers menaçant la jeune génération.

N'est-il pas scandaleux que des organismes de prévention sans but lucratif aient à financer des spots diffusés à des heures indistinctes alors que FRANCE 2 pourrait y pourvoir, s'assurant du même coup une large audience.

3. Une seule émission, Santé-Magazine, du Docteur CYMES, est conforme à la vocation d'un service public en matière sociale. Elle ne passe à une heure de grande écoute qu'épisodiquement. Quotidiennement, elle est programmée à une heure confidentielle.

Monsieur PFLIMLIN a échoué dans les deux missions qui lui étaient confiées : ne programmer que des émissions de qualité et les rendre suffisamment attractives pour attirer un large public populaire. Obsédé par les sondages, il n'est même pas parvenu à ce que la facilité qu'il a protégée dépasse l'audience des chaînes aux seules ambitions commerciales.

En revanche Monsieur PFLIMLIN a obtenu une grande victoire : se cramponner à son fauteuil pour quelques années encore et faire répandre l'idée que le mettre en cause serait jalousie ou calcul politicien.

Il s'est facilité la tâche en nommant des Directeurs de chaînes soumis et incolores, parfois ne faisant qu'un bref séjour à leur poste, alors que de fortes personnalités compétentes auraient évité cette vaine dispersion de quelques talents en peine de reconnaissance.

 

Passons aux propositions. De bons esprits demandent de réserver FRANCE 3 à sa fonction de vitrine régionale. Je ne vois pas pourquoi la vie des Pays de France serait livrée à un ghetto.

 

FRANCE O était une belle voix de l'outre-mer. M. PFLIMLIN en a fait un fourre-tout d'émissions bon marché.

 

FRANCE 2 serait la grande chaîne généraliste, vivante, populaire mais dont chaque heure serait d'enrichissement et où les régions y auraient une belle place en mettant en compétition les équipes actuelles de FRANCE 3 qui conserveraient naturellement la gestion des stations régionales.

 

FRANCE 4 a démontré son inutilité. En revanche FRANCE 5 est aujourd'hui la seule chaîne dont les qualités sont si grandes qu'on hésite à mentionner ses faiblesses. Elle pourrait, en soirée, programmer une grande veillée qui, chaque jour, serait confiée aux représentants d'une famille de pensée qu'on a pris l'habitude de présenter souvent par ses détracteurs et contribuer ainsi à favoriser la compréhension réciproque et la paix civile. Je pense aux juifs, aux musulmans, aux chrétiens, aux rationalistes et libres penseurs, aux franc-maçons. Les familles politiques pourraient aussi bien donner le meilleur d'elles-mêmes.

 

Réunies sous un même nom, FRANCE O et FRANCE 3 constitueraient la chaîne de la recherche et de l'innovation. Tous ceux qui veulent proposer

4. une émission ne seraient plus éconduits en leur disant que leur projet est déjà ou sera pris en charge par DRUCKER, SABATIER, RUQUIER, SEBASTIEN et que ceux-ci sont en place jusqu'à la fin de leur jour. Ces projets seraient sélectionnés par un jury éprouvé et dont les membres n'auraient aucun lien professionnels avec FRANCE TELEVISIONS. Les lauréats disposeraient d'un budget et des moyens techniques pour réaliser une émission pilote soumise aux téléspectateurs qui décideraient de sa pérennité éventuelle.

La chaîne trouverait bien un moyen, une configuration pour que le sport amateur le seul respectable suscite la même ferveur que le sport industriel et il n'est pas acceptable que M. PFLIMLIN dilapide une partie du budget que lui offre son public en surenchère face à TF1 et à CANAL + pour s'assurer l'exclusivité de matchs répondant aux seuls attraits financiers.

 

Les économies proposées par ce plan ne doivent pas nuire au personnel de FRANCE TELEVISIONS qui se trouverait ainsi privé de sa charge actuelle. Ces excellents techniciens, trop souvent sacrifiés jusqu'ici, seraient dirigés vers Internet pour y multiplier et vivifier des sites à l'enseigne du service public. Car nous en arrivons à une dure réalité que s'efforcent d'oublier les propriétaires de chaînes en jouant les autruches : la télévision va disparaître. Cela dès que les écrans d'ordinateurs auront la dimension d'un écran de télévision, ce qui est déjà en cours. Alors, les chaînes de télé ne seront plus qu'un site parmi des milliers.

 Denis CLAIR

 

 

 

 

30 juillet 2013

POUR UN MINISTERE DES URGENCES ETC....

POUR UN MINISTERE DES URGENCES

 

Lors de la catastrophe ferroviaire de Brétigny, dès que les caméras apparaissaient, on a vu le Ministre de l'Intérieur dire qu'il était là, le Premier Ministre disant qu'il était toujours là, un collaborateur du Ministre des Transports disant que celui-ci arrivait certainement, le Procureur se perdant dans ses notes et n'ayant rien encore à annoncer et, omniprésent, le quasi Président à vie de la S.N.C.F. affirmant que celle-ci n'était pas coupable alors que personne ne la mettait en cause. Dans le même temps l'absence du moindre service d'ordre permettait à des voyous de dévaliser des blessés et même un cadavre. Plus tard, des autobus de remplacement arrivaient au petit bonheur la chance et si insuffisants que de nombreux banlieusards durent rejoindre leur domicile par des moyens de fortune ou le plus souvent à pied.

Ce bric-à-brac tumultueux nous incite à proposer la création d'un Ministère des urgences.

Il pourrait ne pas venir en surnombre car il est notoire que certains Ministères font double emploi, d'autres ont été créés pour satisfaire la parité et d'autres sont totalement inutiles. Ainsi, le bilan de la Ministre de la francophonie se réduit à quelques déclarations flatteuses mais la France a des Ambassades dans tous les pays du monde. Ces ambassades disposent de moyens importants, d'un Conseiller et d'un Service culturel parfaitement en mesure d'exprimer et de faire aimer notre langue sans que cela apparaisse comme un ultime sursaut de Franceafrique.

 

Le Ministère des Urgences, dès sa nomination, établirait des plans de secours immédiats dans des circonstances précises : catastrophes ferroviaires, catastrophes routières, catastrophes aériennes, catastrophes écologiques, inondations ou tornades dévastatrices, attentats terroristes etc... Ce Ministère disposant de pleins pouvoirs de Premier Ministre, interviendrait dès qu'un de ces fléaux se produiraient. Il comporterait, avec liaisons immédiates, les représentants des Ministères de l'Intérieur, de la Justice, des Transports, de la Santé, des Services de Protection Civile, des Pompiers, de la Gendarmerie, des Urgences hospitalières, du G.I.G.N., de la Croix Rouge, des S.AM.U., des Directions d'aéroports.

Pierre LORMEAU

 

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Les articles signés engagent leurs auteurs. Les articles non signés le Mouvement Fraternité, mais ses membres peuvent toujours nous faire parvenir ensuite un avis différent.

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LES COMMISSIONS D'ENQUETES PARLEMENTAIRES

 

Celle d'Outreau fut exemplaire, en grande partie grâce à la sagesse, à l'objectivité et à la pondération de son Président André Vallini. Depuis, elles donnent surtout l'occasion à des députés en manque de notoriété de revigorer leur image et de se faire un peu de publicité. Ils s'adressent au Président de l'Assemblée Nationale en lui disant : "Ce serait bien si l'on faisait une Commission sur..." et la fin de la phrase a peu d'importance. Le Président accepte de grand coeur pour ne pas contrarier son collègue et voyant une bonne occasion de faire parler son institution mieux qu'elle apparait dans les lamentables questions au gouvernement des mardis et mercredi aprés-midi.

Dès lors l'auteur du projet se fait naturellement élire Président de la Commission et, pour démontrer l'indépendance de celle-ci, choisit un Rapporteur de l'autre bord tout heureux de savoir que la chaîne parlementaire va le filmer durant des heures.

Mais la gloire est éphémère. Il faut avoir vu André GERIN, communiste sans l'être tout en l'étant, bouffi de satisfaction à la présidence d'une de ces commissions, narguant inconsciemment ses méchants confrères le présentant comme disposant du plus léger Q.I. du parlement, incapable de prononcer une phrase sans se la faire écrire, alors que bien peu se souvienne de l'objet de sa Commission.

L'hyper-vedette restera pour longtemps Charles de COURSON. C'était jusque-là un homme courtois, cultivé, bardé de diplômes et ayant appris chez les Jésuites comment bien se tenir à table et en compagnie. Mais ce fut une étrange idée que de susciter et de présider une Commission dite Cahuzac et de faire prêter serment à celui-ci alors qu'il avait lui-même reconnu avoir juré en vain, donc menti, à deux reprises, notamment devant tous les députés.

Se sentant pousser des ailes, Charles de COURSON s'est répandu dans toutes les télévisions pour claironner sa haute fonction et sa grande compétence pour l'assumer. Dans cet envol il en a perdu tout esprit éthique et toute crédibilité en disant coupable une des personnalités qu'il avait convoquée par la suite pour comparaître devant la Commission.

Comment maintenir quelque dignité à une Commission ainsi dirigée ? Elle s'est dès lors désarticulée, ses membres appartenant à l'Opposition politique démissionnant en fanfare, ceux appartenant à la Majorité n'ayant plus qu'à compter les dégâts.

Qu'on se rassure : des Commissions de ce genre il y en aura encore, peut-être pour enquêter sur les méfaits des frelons, sur la raréfaction des poissons de rivières ou sur le complot qui a pu détériorer la tapisserie d'un bureau annexe de l'Assemblée Nationale.

Jacques LARIVEAU

 

POUR LES MUSULMANS EN FRANCE

 

L'antisémitisme se présente souvent à découvert : de gros bras, parfois tatoués, un visage inexpressif, un regard vide avec une lueur de haine, une silhouette de brute épaisse, l'incapacité de tenir un propos cohérent, se réfugiant sous cette carapace apparemment rassurante, un gringalet bavard mais tout aussi incapable d'exprimer ses sentiments, et naturellement de justifier son hostilité à l'égard de ceux qu'on leur a présenté comme une race inférieure. Alors que si, parmi les humains, il existe une seule race différente, c'est bien celle de ces dangereux provocateurs.

L'Islamophobie est plus délicate et pluraliste et peut se manier dans les beaux quartiers comme dans les banlieues abandonnées. Ses inspirateurs n'agissent pas à visage découvert. Ils font diffuser leur haine d'étape en étape et avec bien des relais complaisants. On commence par dénoncer l'immigration. Quand c'est sans grand succès on y va de l'immigration clandestine. Si l'effet est insuffisant et si le chauffeur de salle fait faux-bond on passe en force vers les clandestins qui ruineraient notre sécurité sociale et qui seraient à peu près tous en provenance de pays à majorité musulmane. Dans le même temps les bons français qui ont le courage de résider encore en Seine-Saint-Denis voient de jour en jour, leur territoire encombré de jeunes à la peau grise, donc musulmans. Le moindre incident leur sera attribué, il ne restera plus qu'à comparer les prières faites dans la rue faute de lieux de reccueillements décents qu'à l'occupation nazie et à annoncer que la Charia prend déjà la place du code pénal.

Il est dommage que les grandes organisations, fédérations, associations musulmanes, grandes mosquées perdent du temps à se quereller pour s'assurer une suprématie alors qu'elles pourraient à l'unisson dénoncer ces campagnes anti-musulmanes qui risquent d'étendre leurs méfaits.

En ce blog, largement ouvert, nous nous efforcerons, avec les meilleurs spécialistes et, autant qu'ils le voudront, avec les associations officiellement représentatives, de mieux faire connaître et exprimer la réalité et la pensée musulmane, notamment telles qu'elles sont pratiquées et vécues en notre pays.

___________________________________

 

 

Il est étrange que quand un incident survient auquel est mêlé un policier et sans même que celui-ci soit dénoncé, le représentant d'un syndicat de policier intervient immédiatement sur les chaînes d'information continue pour donner sa version des faits. Il les ignore pourtant, n'étant pas sur les lieux, n'ayant reçu aucune information concernant l'enquête judiciaire mais il tient à affirmer, sans ambages, que le policier mêlé à cet incident est innocent ou victime.

Les Syndicats de Policiers ont pour fonctions de représenter les intérêts moraux et matériels de leurs mandants et ne sont pas qualifiés pour intervenir de la sorte. Les chaînes de télévision devraient ne pas céder à leur zèle. Elles ont des journalistes, des reporters, des envoyés spéciaux pour informer leur public qui peut tout aussi bien attendre le premier rapport du préfet ou du procureur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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29 juillet 2013

DENIS CLAIR

DENIS CLAIR

 

J'aimerais commencer par la fin et en rester là : j'aurai 92 ans en octobre prochain et suis proche de la cécité totale, avec autorisation de port pour une canne blanche. Toutes mes activités et initiatives ont été bénévoles. J'ai toujours vécu modestement avec ma famille. Depuis plus de 25 ans, nous sommes en HLM dans un quartier dit difficile et dangereux. Dans notre grand immeuble, les trois quarts des familles sont "issues de l'immigration" et nous nous entendons fort bien ensemble.

 

Mais, à l'initiative de ce blog, on pourrait me demander de me dévoiler davantage, pouvant déjà garantir la pérennité de cet espace de liberté dont la relève est assurée.

 

J'ai respecté et je respecte toutes les opinions à la seule exception de celles qui suscitent l'intolérance et la haine. Mais je me méfie des certitudes. Je suis avec ceux qui disent "je cherche", rarement avec ceux qui disent "j'ai trouvé". Aimé CESAIRE, Albert CAMUS, Marlène DIETRICH, Jean COCTEAU, Georges SIMENON, Léopold-Sedar SENGHOR m'honorèrent de leur amitié, mais il en est deux que je considère comme mes pères spirituels : l'Abbé PIERRE, qui confiait "j'ai eu et j'ai la foi mais j'ai souvent douté" et Jean ROSTAND qui disait "Ah, si les croyants pensaient aussi souvent à Dieu que j'y pense, moi qui suis athée !".

Je publierai ici des textes inédits qu'ils m'ont laissés.

 

Ma génération conserve les traces de la dernière guerre mondiale et de l'Occupation.

 

Le samedi 20 juillet 2013 sur Europe 1 Gilbert COLLARD, tonitruant, fanfaron et envahissant porte-parole de Marine LE PEN déclarait : "On sait maintenant que François MITTERRAND avait des liens très étroits avec la Collaboration". (sic). Je suis surpris que, depuis, aucun des politiciens qui doivent leur situation au Président MITTERRAND - dont je suis loin d'avoir toujours éprouvé la politique - ne soit intervenu pour relever cette infamie.

Gilbert COLLARD ce serait peut-être retranché derrière les trois ou quatre historiens bornés se disant spécialistes de cette douloureuse période, retrouvant les télévisions tous les ans, pour y affirmer, sans risque d'être contestés que de GAULLE et Londres c'était le Bien, PETAIN et Vichy le mal.

 

Je ne revendiquerai certainement pas le contraire. La vérité est beaucoup plus complexe. Je sais gré à de GAULLE de son action prophétique et je considère qu'HITLER est le plus grand monstre jamais produit par l'humanité et que tous ceux qui, sciemment, ont favorisé le nazisme par leurs actions ou leurs écrits ont à se faire pardonner pour longtemps. Mais si la Résistance avait dû se passer du concours des premiers pétainistes, elle serait restée squelettique et c'est vouloir ignorer qu'il fut un temps pour reprendre l'expression d'Elie WIESEL, Prix Nobel de la Paix "Pétain c'était la France, la France c'était Pétain".

L'horreur est arrivée plus tard avec l'infâme Milice et son Chef Joseph DARNAND pro-nazi. J'étais alors mineur de fond en Allemagne, ayant créé quelques soucis aux occupants. Là-bas avec un camarade électricien, nous sommes parvenus à rompre un filin alimentant l'électricité d'une usine d'armement voisine. Les S.S. ne l'ont pas apprécié et j'ai dû me traîner ensuite durant plusieurs années avec deux cannes.

Mon ami Edgar MORIN a dit l'essentiel : "on ne peut juger des hommes ignorants ce que l'on sait depuis" ; c'est-à-dire la Shoa et Max FERRO a démontré qu'elle ne fut réellement connue qu'à la Libération.

 

Si l'on conteste mon rapport, il est vrai innattendu pour beaucoup, on expliquera pourquoi le Général de GAULLE offrit le journal Le Monde à Hubert BEUVE-MERY, sachant qu'il avait dirigé à Uriage l'Ecole des Cadres de Vichy. Et pourquoi Paul FLAMAND, fondateur des Editions du Seuil, Jean VILAR, Jean-Louis BARRAULT, Paul DELOUVRIER, Roger STEPHANE exercèrent librement leurs activités à Vichy, pourquoi Michel DEBRE y entreprit sa brillante carrière au Conseil d'Etat, pourquoi Maurice COUVE de MURVILLE y resta même plus que de raison à Vichy, y exerçant des fonctions importantes pour devenir plus tard Premier-Ministre du Général de GAULLE.

 

Au lendemain de la Libération j'ai créé l'Association Française contre la peine de mort avec Albert CAMUS, l'Abbé PIERRE, Jean ROSTAND et Maître Henry TORRES, alors "patron" de Robert BADINTER.

 

Un peu plus tard j'ai été membre de la Délégation française au Congrès de l'Europe à LA HAYE auquel participaient tous les chefs d'Etat et qui donna naissance aux institutions européennes actuelles. J'y représentais Henry FRENAY, alors Ministre après avoir été chef du principal mouvement de Résistance "Combat". Un heureux hasard me fit partager un repas avec Wiston CHURCHILL, de GASPERY, Président du Conseil Italien, et SPAAK, Premier Ministre belge. Tous se félicitaient de l'initiative de Jean MONNET concernant cette rencontre mais regrettaient qu'elle soit exclusivement placée sous le signe de l'exploitation commune du charbon et de l'acier, perspective peu enthousiasmante pour les jeunes générations. Ils regrettaient que l'Europe n'échange pas ses cultures, si enrichissantes, variées et complémentaires. En 2013 nous en sommes toujours là.

 

J'ai publié la première étude sur l'homosexualité alors sujet tabou. N'étant pas moi-même concerné par cette orientation sexuelle, j'étais frappé par les confidences de certains camarades de déportation car c'est dans ces moments d'isolement et d'abandon qu'on se livre. Ils disaient combien les homosexuels étaient pourchassés. La "Police des moeurs" (sic) envoyant ses inspecteurs les plus fringants dans les lieux, souvent sordides, où ils se réunissaient. Ces inspecteurs n'hésitaient pas à leur faire des avances et, s'ils y succombaient, ils se voyaient menottés et conduits au Commissariat.

Après la Libération l'homosexualité restait interdite et, sous les gouvernements du Général de GAULLE elle était considérée comme maladie mentale.

Mon étude était préfacée par Henry de MONTHERLANT qui écrivait : "On parle de guérir les homosexuels. Il faudrait plutôt guérir le cerveau de ceux qui croient qu'il y a lieu de guérir les homosexuels".

Pour cette étude j'ai interrogé les représentants de toutes les familles de pensée et les sociologues les plus avertis pour en arriver à cette conclusion simpliste : "On est ainsi et il n'y a ni à s'en prévaloir ni à s'en repentir" on ne peut juger quiconque pour ce qu'il est mais seulement pour ce qu'il fait.

Je me demande aujourd'hui si je ne suis pas allé un peu vite pour applaudir sans réserve le récent mariage pour tous. J'étais bien d'accord pour qu'une catégorie sexuelle ne soit pas privée des avantages accordés aux hétérosexuels et qu'ils pas soient ainsi victimes d'une discrimination évidente. Mais une manifestation de rue, c'est pour réclamer des droits. Or nous étions subitement envahis de manifestants exigeant que d'autres soient privés des mêmes droits que ceux dont ils bénéficient. Et leurs porte-parole omniprésentes, Christine BOUTIN et Brigitte BARJO avaient de quoi m'inquiéter par la simple connaissance de leur passé. La loi est votée et doit être respectée, mais je suis convaincu qu'un peu plus tard, paisiblement, on pourra l'améliorer pour que personne ne se sente offencé. Il reste que la quasi-totalité des musulmans et des chrétiens est attachée à la structure familiale traditionnelle et qu'ils ont le droit de la voir respecter, représentant une très grande partie de la population.

La position des Juifs est plus délicate : ils partagent ce point de vue, le Grand Rabbin de France l'a exposé dans un très beau texte que le Vatican a d'ailleurs repris à son compte mais de récentes enquêtes font ressortir que la ville réunissant le plus d'homosexuels n'est plus américaine mais israélienne : Tel-Aviv.

 

J'ai créé la première radio libre avec Max-Pol FOUCHET, Pierre SEGHERS, Jean CARLIER, Luc BERIMONT. Nous l'avons appelée RADIO PARIS pour réhabiliter ce titre confisqué et prostitué par les occupants et qui fut la première radio privée créée en 1920 par le Général FERIER. Corinne LEPAGE y présentait le journal de midi et nous avions toutes les semaines des chroniques notamment de Pierre MESSNER et Michel JOBERT. Il y a quelques semaines à l'issue d'une réunion publique au Sénat, Alain GOLDMANN, Grand Rabbin de Paris, a déclaré : "Je tiens à remercier Denis CLAIR pour les heures enrichissantes passées à Radio Paris où j'étais souvent invité".

 

Durant une vingtaine d'années j'ai animé les GRANDES CONFERENCES DE PARIS et le CERCLE FRANCAIS DE LA PRESSE. Il serait difficile de citer des personnalités politiques, littéraires et artistiques de l'époque qui ne s'y soient pas fait entendre.

 

A la demande de Robert MALLET, Recteur de l'Académie de Paris, j'ai dirigé une semaine consacrée aux relations entre croyants et non-croyants. Tous les soirs le grand amphithéâtre de la Sorbonne était comble et toutes les familles de pensée étaient représentées au plus haut niveau. Ce dialogue reste au coeur de mes préoccupations, je reste inquièté par ceux qui s'affrontent à coup de certitudes.

C'est dire que je ne suis peut-être pas encore destiné au sommeil définitif.

 

- de Jacques CHABAN-DELMAS, ancien Premier Ministre, Président de l'Assemblée Nationale, Député-Maire de Bordeaux : "Votre éditorial de ce numéro de "Libertés" met en lumière la stérilisation de la vie civique et l'écoeurement des jeunes à l'égard de la politique. Le diagnostic me paraît exact.

Si un pronostic devait être fait, il serait plutôt dans le sens négatif.

En fait, je crois que l'ennemi est toujours présent. Il occupe plus ou moins le terrain dans notre forintérieur. Il s'appelle naturellement l'égoïsme, l'envie, l'avidité mais aussi le repliement sur soi-même, la peur du changement, la crainte des réformes et bien d'autres encore.

Essayez donc de lutter contre cet ennemi et pour mener cette lutte, il lui faut comme un esprit de résistance. C'est une nouvelle résistance à laquelle il faut se livrer."

- de Jean COCTEAU : "Cher Denis CLAIR j'ai été passionné par ce que vous nous avez dit de la Radio et de tout ce qu'elle peut exprimer et traduire. Je savais déjà que nul ne parle mieux que vous du cinématographe et de la poésie.

- du Professeur Henri LABORIT (à qui on doit la plupart des psychotropes utilisés aujourd'hui) "J'ai eu l'occasion d'assister à une rencontre animées par Denis CLAIR devant 400 personnes de tous âges et de tous milieux. Les grands problèmes les concernant, tous ont été abordés et j'ai eu le sentiment que chacun s'est retiré avec du baume au coeur et de la chaleur à l'âme, l'esprit nettoyé. Des rencontres de cette qualité sont trop rares et Denis CLAIR, dont je me flatte d'être l'ami, est passé maître dans l'art de les conduire".

- de Théodore MONOD : "Denis CLAIR, homme de foi et de conviction, est sans doute un franc-tireur et, au sens littéral du terme, un "éclaireur". Il va seul, s'il le faut, mais il va tout droit et, comme disait Teilhard "n'importe où pourvu que ce soit en montant". Il reste pour moi celui qui combat pour que nous puissions, enfin, passer du temps de Moloch à celui de la Liberté, celui qui nous rend l'espérance".

- du Professeur JACQUARD : "Un homme qui sait rester debout, tel est Denis CLAIR. Tant d'événements auraient pu le courber - ce redoutable et douloureux séjour autre-Rhin, les privations, les accidents, la bêtise, l'incompréhension et la mort insupportable d'êtres aimés. Tout l'a atteint, rien n'a pu le faire plier. On aimerait le comparer à une épée, mais il n'apprécierait pas, lui, le non violent. La seule comparaison acceptable est un autre homme qui a su, lui aussi, rester fidèle à sa conviction profonde - et aller au bout de son engagement : François d'Assise. Par sa parole, par son exemple, le Poverello a bouleversé le treizième siècle.

En ces temps, où tout semble basculer, où l'histoire des hommes semble échapper aux hommes, nous avons un urgent besoin de paroles rigoureuses, de vies montrant par l'exemple que rien n'est fatal. Denis CLAIR est un de ceux qui transforment en aube le crépuscule de ce millénaire".

- de Gilles PERRAULT : "Merci Denis CLAIR pour ce magnifique "Témoin de l'Aube". Quelle vie époustouflante ! Que d'activités, que de chemins ouverts, que de mains tendues ! C'est un récit vivant, éclectique traversé par un humour délébile, assorti de vérités pas toujours à dire mais qui doivent pourtant être dites puisque c'est la vérité. Tu est le sel de la terre. merci encore.

- de l'Abbé PIERRE : "Tu as raison de rééditer ton livre qui a parlé au coeur de beaucoup et a décidé beaucoup à agir. Que cette lettre dise à tes nouveaux lecteurs la fidélité et l'amitié avec lesquelles, par des chemins souvent différents mais toujours tourné vers le même but, durant tant d'année, nous avons été frères. Dans la quasi-solitude d'ermite à laquelle l'âge m'a conduit, je t'assure pour toi et tous les tiens combien vous me restez présents dans l'effort de chaque jour. Merci à toi l'exemple de loyauté que tu n'as cessé de donner autour de toi".

- d'Edgar MORIN : "Denis CLAIR a compris que la fraternité est à la fois, le chemin, le moyen et le but. Merci de tout coeur pour son oeuvre magnifique !

- Albert MEMMI : "Denis CLAIR, c'est rare un homme qui a le courage d'être libre, c'est-à-dire d'être prêt à payer pour les conséquences de cette liberté".


Nous rappelons que les messages de nos lecteurs sont les bienvenus à l'adresse postale suivante : FRATERNITE - B.P. 46  -  93163 Noisy le Grand Cédex.

26 juillet 2013

JEAN-CLAUDE PECKER

JEAN-CLAUDE PECKER

 

Nos lecteurs doivent souhaiter qui est à l'initiative de notre Mouvement. Nous avons demandé à quelques-uns de se présenter eux-mêmes, ce qui apparaîtra plus simple et, peut-être plus sympathique.

Voici la contribution de Jean-Claude PECKER :

 

Je vous confirme, comme vous le demandez, mon soutien aux objectifs du Mouvement "FRATERNITE", même si mon âge m'interdira de participer à telle ou telle réunion.

 

Vous me demandez une note plus personnelle. La voici :

 

Depuis mon jeune âge (je suis né en 1923, à Reims), je me suis toujours considéré comme un citoyen du monde. Il était normal que je devinsse atronome... Et en effet, j'ai été astronome au CNRS, puis à l'Observatoire de Paris. Je suis devenu Professeur d'Astrophysique théorique au Collège de France, et, à l'Académie des Sciences, membre de la section des Sciences de l'Univers. Mais pas seulement... Les droits de l'Homme me sont très chers.

J'ai beaucoup voyagé, et dans tous les pays où j'ai eu l'occasion de me trouver, je me suis toujours senti à l'aise - avec des paysans chinois (malgré mon ignorance de la langue), des pêcheurs antillais, des garagistes du Texas, comme des astronomes australiens... J'ai été brancardier à la frontière pendant la débâcle des républicains espagnols, j'ai été un militant syndical actif. J'ai représenté la culture de mon pays à l'UNESCO ; j'ai visité incognito l'URSS afin d'y apporter une aide à Sakharov ; j'appartiens à des organisations internationales (l'union astonomique internationale, dont j'ai été secrétaire général, l'Académie Internationale d'Humanisme, dont j'ai été secrétaire, l'Academia Europaea, dont j'ai été vice-président...) La fraternité doit se comprendre aussi comme une abolition des frontières entre pays, des frontières entre "classes sociales", entre hommes et femmes d'origine différente.

Je constate que la liste des membres du "Comité Directeur" de Fraternité comprend des hommes et des femmes (pas assez nombreuses : une seule !) de conviction très diverses. C'est une bonne chose. En ce qui me concerne, je suis athée, et rationaliste. Mais je tiens à ce que le débat philosophique reste ouvert, à ce que toutes les idéologies s'expriment, s'acceptent mutuellement, et puissent échanger leurs arguments en toute liberté, - et même en toute fraternité.

 

 

26 juillet 2013

FRATERNITE POUR AUJOURD'HUI ET POUR DEMAIN

FRATERNITE POUR AUJOURD'HUI ET POUR DEMAIN

 

Pour rester ensemble des femmes et des hommes libres accrochés à la vie.

 

Nous avons tellement à apprendre les uns des autres et les uns sur les autres ainsi que réciproquement !

 

A cette époque où d'aucuns voudraient faire croire que chacun est réductible à sa culture d'origine et ses croyances, il s'agit de créer un intérêt pour l'autre, un lien privilégié d'unique avec des uniques, de se sentir tous responsables du vivre ensemble.

 

Depuis la devise républicaine, dont nous sommes tous fiers, LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE, la fraternité constitue un point à la fois d'équilibre et de fragilité : la fraternité est une construction de tous les jours.

 

Chacun est responsable du devenir de l'autre et doit agir vis-à-vis du politique pour la prise en compte dans les institutions, dans les textes de loi, dans les actions publiques de la fraternité fondée sur l'égale dignité de tous.

Mais tout ceci nécessite un nouvel état d'esprit et de dégager ensemble des repères clairs pour le vivre ensemble.

 

KANT écrivait : "Agir de manière à considérer toujours, en toi comme en autrui, la personne humaine comme une fin, et non comme un moyen". Tel est l'axe fort qui nous guide dans l'initiative prise par les membres fondateurs de FRATERNITE.

 

Par les croyances (foi en une religion ou athéïsme) et convictions de chacun d'entre nous, unis par les mêmes valeurs fondamentales, partageant les mêmes objectifs de promotion de sociétés libres et émancipatrices de la femme et de l'homme, nous voulons contribuer à promouvoir, dans un souci de protection des droits de l'homme et d'avènement d'une société vécue, la tolérance, la connaissance des autres, l'acceptation de l'autre avec ses différences, par des rencontres et des débats, par des expressions écrites largement ouvertes, par des expressions variées de nature à faire avancer tant au niveau national qu'international : la fraternité.

 

MALRAUX disait : "La France a pour vocation de sauvegarder le génie des peuples".

 

Dans le contexte d'une recrudescence, en France et dans le monde, des actes d'intolérance et de violence, voulant dépasser l'approche évènementielle et contribuer à faire que demain nous vivions dans une société apaisée, fondée sur le respect mutuel de l'autre, nous souhaitons être nombreux à partager ces idées et à les faire vivre.

 

 

 

26 juillet 2013

FRATERNITE D'AUJOURD'HUI

FRATERNITE D'AUJOURD'HUI

 

Nous ne sommes pas particulièrement adeptes des chemins de traverse et du chemin des écoliers, même si celui-ci a du charme encadré de fleurs sauvages. Simplement, nous avons pensé que l'action que nous envisagions ne pouvait être un feu de paille mais qu'elle impliquait du temps pour une préparation sérieuse.

Cette réflexion nous l'avons engagée discrètement, modestement, calmement, sans publicité, avec la plupart de ceux dont le nom figure en notre Comité Directeur mais également ceux qui ne sont plus : Lucie AUBRAC, Maurice BEJART, Georges MOUSTAKI, Mohamed ARKOUN, Henri LABORIT, Bernard CLAVEL, Françis JEANSON, Jean CARLIER, René DUMONT, l'Amiral Antoine SANGUINETTI et l'Abbé PIERRE.

 

En ce 14 juillet 2013 nous avons vu l'armée française, richement harnachée et brillamment décorée, s'attribuant la victoire de la Résistance en interprêtant "le chant des partisans" et deux chansons populaires de la Libération alors qu'après avoir déclaré la guerre à l'Allemagne et que le Président du Conseil affirmait "Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts", après quelques mois de combat l'Armée française était défaite et en lambeaux. Un Général en était réduit à lancer dans "La Dépêche" de Toulouse un appel demandant à ses officiers et sous-officiers, dispersés il ne savait où, de les contacter.

Ont oeuvré à la Résistance et contribué à la Libération les FTP, les FFI, en rien militaires, et les camarades de "Résistance Fer" qui gênaient le plus les occupants en faisant sauter leurs trains de munitions.

Nous n'en éprouvons pas moins un grand respect et un grand esprit de solidarité à l'égard de tous ceux qui ont donné ou qui sont prêts à donner leur vie pour leur pays sous l'uniforme.

Simplement, constatant qu'on ne sait plus susciter à ferveur populaire qu'à l'issue d'un match industriel ou d'un défilé militaire, nous voulons suggérer les normes selon lesquelles une rencontre et une union seraient autrement plus utiles et plus vivifiantes.

Il suffirait - et nous reconnaissons que ce n'est pas si facile - d'admettre qu'aucun de nous ne détient la vérité, mais sa vérité. Sans ce point de départ élémentaire, chacun trouvera un prétexte pour combattre "les autres", d'emblée considérés dans l'erreur.

Notre Mouvement est apolitique en ce sens qu'il ne prendra aucune position dans les compétitions électorales. On peut se joindre à lui tout en appartenant à un parti politique si celui-ci ne flatte pas les plus bas instincts et ne prône pas le racisme et sa haine, à peine déguisés des émigrés.

 

En revanche nous mettrons à l'étude les problèmes permettant aux hommes et aux femmes du XXIè siècle de sortir de leur torpeur ou de leur résignation ; notamment une Economie basée sur les besoins du plus grand nombre et non sur les profits d'une minorité.

 

Nous sommes stupéfaits de constater qu'aucun parti politique n'envisage ne serait-ce que d'aborder le problème de l'armement nucléaire. Nous demanderons s'il est digne d'une démocratie de donner à un homme seul, sans consultation, sans avis du parlement, le pouvoir d'appuyer sur un bouton pour déclencher l'holocauste nucléaire. Et l'on ajoute que c'est pour "maintenir le rang de la France dans le monde" alors que notre économie est à la merci de l'Allemagne qui n'a pas d'armement nucléaire. Nous allons jusqu'à interdire à d'autres pays, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, d'en disposer. Enfin, le Général JOUSSE, qui fut Chef d'Etat-Major du Général de GAULLE, nous a confié un texte démontrant que la bombe nucléaire n'a aucun effet disuasif et nous publierons un texte de Jean ROSTAND, encore inédit, démontrant qu'un pays qui envisage une telle folie est indigne de l'humanité. Il est absurde de répliquer que la bombe atomique est faite pour ne pas être utilisée ou personne, aucun ennemi potentiel, n'aurait à la redouter. La vérité est que notre seul ennemi potentiel et pour des décennies est le terrorisme et on ne le combat ni avec une bombe nucléaire ni avec des "Mirages", ni avec des sous-marins nucléaires qui saignent notre économie pour le seul profit de fabriquants d'armes. Et n'éprouvons-nous aucune humiliation quand la presse, de droite et de gauche, annonce que notre Président de la République, celui-ci comme le précédent, se transforme souvent, lors de ses voyages à l'étranger, en courtier de ces fabriquants d'armes.

 

Nous proposerons également une reconsidération de notre système judiciaire qui, aujourd'hui, n'a que l'esprit de vengeance à offrir aux victimes. Toutes les instances internationales condamnent la France pour l'état scandaleux de ses prisons. Et on se presse pour en construire de nouvelles sans développer les peines alternatives.

 

Les peines prononcées par un tribunal doivent être exécutées mais l'échelle de ces peines doit être reconsidérée. Il faut savoir qu'après trois années d'incarcération en nos prisons un homme normalement constitué perd l'essentiel de son intégrité physique et mentale.

 

Il est peu probable que ces problèmes puissent être résolus dans le cadre politique actuel qui n'est en rien représentatif de la population française. Nous ne négligeons en rien la bonne volonté et le travail accompli par bien des parlementaires mais, parmi eux, pas un seul ouvrier et bien peu d'employé alors que ceux-ci représentent plus de 40 % de la population française.

 

Nous mettrons à l'étude une structure fédéraliste permettant d'établir l'autorité de bas en haut, et d'abord à partir de la collectivité la plus naturelle, la commune ou la ville, alors que l'autorité est actuellement imposée par des administrations centrales quand 80 % des décisions intéressant notre peuple sont prises à Bruxelles par la Commission Européenne. Cette constatation ne constitue pas de notre part une prise de position à l'égard d'une politique européenne concernant la France mais la nécessité de l'ouvrir à la discussion générale.

 

C'est dire que nous avons du pain sur la planche...

26 juillet 2013

LISTE MOUVEMENT FRATERNITE

MOUVEMENT FRATERNITE

COMITE DIRECTEUR

PROVISOIRE

 

 

Françoise HERITIER, Professeur au Collège de france

Jean-Michel BELORGEY, Conseiller d'Etat

Pierre BOULEZ, Compositeur et chef d'orchestre

Claude-Paul BRUTER, Professeur d'Université

Malek CHEBEL, Professeur d'Université

Denis CLAIR

Père Christian DELORME

Jean DELUMEAU, professeur et écrivain

Jacques FONTANEL, Professeur à l'Université de Grenoble

le Pasteur Jean HOIBIAN

Albert JACQUARD, sociologue et écrivain

Jacques LE GOFF, historien

Albert MEMMI, Professeur, sociologue et écrivain

Jean METELLUS, poète et écrivain

Edgar MORIN, sociologue et écrivain

Jean-Claude PECKER, Professeur au Collège de France

Michel PICCOLI, écrivain

Hubert REEVES, astrophysicien

Raoul SANGLA, cinéaste

 

Les réactions, réflexions et propositions de nos lecteurs sont les bienvenues. Le tout est à nous faire parvenir par poste à l'adresse suivante : FRATERNITE - B.P. 46 - 93163 Noisy le Grand Cédex

 

 

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